La Tropicalise, une bonne de dose de brasilité
« Ce soir, je ramène un peu de notre culture brésilienne et pour moi, qui suis ici en France depuis deux mois, c'est déjà très, très excitant. Imaginez pour ceux qui sont ici depuis longtemps, qui vivent ici, qui viennent en profiter avec nous ! »
- Tarcísio Cisão, musicien du Rio de Janeiro
26 octobre 2023, Paris

La Tropicalise, une bonne de dose de brasilité !

Par Guy Pichard

Explorer ta propre identité brésilienne tout en étant à Paris et expatrié, voilà le surprenant constat qui se dégage des soirées La Tropicalise organisées par Diego Noar et Gabriel Monteiro. D'une moqueca bahianaise à une samba carioca et un dj sud-américain, voyage au bout la nuit... du 26 octobre.

« C'est une célébration de l'unité, de la nostalgie du Brésil et nous nous souvenons, en chantant à tue-tête avec émotion et nous sommes heureux. La Tropicalise, c'est un renouveau de notre brasilité ». Euphorique, Cisão se prépare à jouer et vérifie la scène. Il est plus de 21 heures au Cha-cha Club et la deuxième édition de La Tropicalise a déjà débuté. D'abord au restaurant voisin, le Tara-tata, avec la cheffe Paula et sa (douce) moqueca brésilienne, ce plat bahianais à base de poisson et surtout riche en sauce.

« En tant que Brésilien, je ramène un peu de notre culture brésilienne et pour moi, qui suis ici en France depuis deux mois, c'est déjà très, très excitant. Imaginez pour ceux qui sont ici depuis longtemps, qui vivent ici, qui viennent en profiter avec nous ! », continue celui qui officie normalement au sein du Bloco Amigos da Onça, à Rio de Janeiro. L'heure est à la musique et Cisão Cantor prend place, avec sa quinzaine de confrères au milieu de la discothèque, dans une pénombre seulement éclairée par des néons un peu tape-à-l'oeil. Plus de trois heures de live débutent, avec les groupes Samba de Quartier et les Barcelonais Samba Callejero !

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« La samba est donc entrée dans ma vie ici, à Barcelone, mais aussi en Europe avec mon groupe », explique Jeca Mó, la chanteuse de Samba Callejero. « Pour moi, c'était autant une façon de me connecter à mes racines, à mon pays, que de découvrir quelque chose de si commun qu'est la samba. C'est ainsi que l'immigration en Europe m'a rendu plus consciente de ma culture, moi qui viens d'Aracaju, état de Sergipe au nord de Bahia », continue l'artiste, depuis une baignoire à bulles roses... au sous-sol du club parisien.

Un spectateur, Ricardo, aussi originaire d'Aracaju, exprime toutefois un regret : « la roda de samba se tient normalement plus tôt dans la journée. C'était ainsi lors de la première édition de la Tropicalise mais ce club est un peu sombre. J'aime bien qu'il y ait plus de lumière ». Pas de quoi gâcher son plaisir pour autant, lui qui sirote une caïpirinha au coin fumeur et savoure le fait d'enfin voir chanter Jeca Mó, qui est finalement presque sa voisine ! « J'ai appris au fil des concerts que les Européens sont très respectueux par rapport à la culture brésilienne. Dans ces autres rodas de samba où je suis allé, les gens étaient souvent des étrangers mais moins ici, c'est super ».

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« Quelle chaleur, n'est-ce pas ? Je suis de Rio et cette soirée La Tropicalise est là pour apporter cette vibration carioca que nous aimons, nous savons, surtout ceux et celles d'entre nous qui sommes cariocas ! ». Pour Raquel Ribeiro, la soirée continue et la température monte. Entre deux morceaux, Fernanda exprime son mal du pays, malgré tout... « Je pense que le fait d'être avec des Brésiliens atténue le mal du pays, en particulier dans les endroits que j'aime vraiment et celles et ceux que j'aime », explique la jeune femme, avec une pointe d'émotion. « Ici à Paris, il y a un grand groupe de Brésiliens où nous nous retrouvons, nous apprenons à connaître tout le monde et nous avons même établi un réseau de soutien ».

Dans les WC du Cha-cha Club, les langues se délient car à l'étage, on chante plus que l'on ne parle. « Je suis venu pour étudier en France l'animation et le dessin », confie Meton. « Ce soir j’ai commencé à chanter aussi parce que la musique brésilienne me manquait. Paradoxalement je n'avais jamais osé chanter dans mon propre pays mais cette samba me libère, c'est un lieu de rencontre ! ».

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La musique s'est mise en pause à l'étage... un dernier show arrive, c'est le moment d'aller au bar. « Il y a des milieux sociaux qui se mêlent ici et qui ne se mélangeraient pas forcément au Brésil... À part à Carnaval et aux soirées chez nous, il y a pas un mélange fou », juge Bernardo. « Je viens de Niterói et j'habite aujourd'hui... à St-Mandé ». D'une banlieue à l'autre, il n'y a qu'un pas (et plus de 10 000 km).

Julio Inti, le DJ de la soirée, vient ambiancer la fin de soirée. « Je suis Chilien et Sud-américain avant tout. Je vais mixer sur des soirées comme ça, que ça soit hispanique ou lusophone, ça reste l'Amérique latine ». Terminer une soirée brésilienne avec un chilien ? « Le Brésil est quand même une référence dans le monde entier pour la musique et surtout en Amérique. C'est un peu le grand frère, c’est une culture à part », conclut-il.

Le Cha-cha Club ferme ses portes et comme Rio de Janeiro ne dort jamais, la nuit terminera le matin pour beaucoup. La Tropicalise n'est pas seulement nocturne, mais aussi matinale !
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